Skip to main content

Jour 6-7 : Des parents de culture musulmane se lèvent pour défendre la laïcité

10 novembre 2020

Plusieurs représentants et associations de culture musulmane appuient l’interdiction du port de signes religieux, tels : l’Association québécoise des Nord-Africains pour la laïcité (PDF, 1 017 ko), Amitié Québec-Kabylie (PDF, 1 Mo), Djemila Benhabib et Louise Mailloux (PDF, 832 ko), Nadia El-Mabrouk (PDF, 1 Mo) et Leila Bensalem, Hassan Jamali (PDF, 473 ko) , Samuel Chérubini (PDF, 757 ko) et la quarantaine de Québécoises d’origine musulmane signataires de la Lettre collective aux féministes québécoises s’opposant à l’interdiction du niqab. [i]

Dans le cadre de la contestation de la Loi sur la laïcité de l’État (ou Loi 21) en Cour supérieure, ce sont des parents de culture musulmane qui se lèvent cette fois pour défendre la laïcité de l’État. En effet, le Mouvement laïque québécois (MLQ) et Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec) ont déposé sept déclarations sous serment de parents réclamant le maintien de la Loi 21 pour la liberté de conscience de leurs enfants et pour le respect de l’égalité entre les femmes et les hommes dans les écoles.

Leurs préoccupations reflètent celles soulevées par le Conseil du statut de la femme (CSF) en 2007 [ii] et en 2011 [iii] lesquelles avaient mené à la recommandation que soit interdit le port de signes religieux pour l’ensemble des membres du personnel de l’État dans le cadre de leur travail. Quant au personnel enseignant, le CSF rappelait que son « rôle consiste aussi à présenter aux élèves les valeurs fondamentales de la société, dont celles d’égalité entre les sexes, de liberté et de respect de la dignité humaine. Conséquemment, nous voyons mal comment une enseignante portant un tchador, par exemple, pourrait véhiculer un tel message. » [iv]

Cinq de ces parents de culture musulmane sont venus témoigner aujourd’hui en Cour supérieure pour clamer haut et fort qu’ils s’opposent au port de signes religieux par le corps enseignant des écoles publiques, et plus particulièrement du hijab, signe d’infériorisation des femmes. Ils demandent que leurs enfants soient protégés de tout prosélytisme religieux, actif ou passif. Ils s’opposent à ce que leurs enfants soient exposés à la transmission de valeurs contraires à leurs convictions profondes et au principe d’égalité entre les femmes et les hommes. Ils ne veulent pas que leurs filles apprennent, de façon implicite, qu’elles doivent se couvrir pour être modestes et pudiques ou que leurs garçons aient cette vision de leurs sœurs et soient perçus comme des prédateurs potentiels. Leurs témoignages sont forts, puissants et vibrants et s’ajoutent à ceux diffusés récemment dans les médias [v] par des Néo-Québécois venus au Québec POUR sa laïcité.

Rappelons que l’un des quatre principes de la Loi 21 concerne l’égalité de tous les citoyens et citoyennes. Or, les vêtements religieux sont, à quelques exceptions près, résolument différenciés pour les femmes et pour les hommes, et tous véhiculent un statut social ou des valeurs propres, ce qui exacerbe leur caractère sexiste.

Ce qui se passe ici au Québec n’est pas unique. Partout dans le monde, la promotion de la laïcité et de la citoyenneté fait partie des stratégies féministes pour contrer les fondamentalismes religieux. Selon l’Association pour les droits de la femme et de développement, [vi] toutes les activistes des droits des femmes de l’Amérique latine, sans aucune exception, et la très grande majorité des activistes d’Europe occidentale ont nommé la protection ou la promotion de la laïcité de l’État comme étant la mesure la plus urgente à prendre pour prévenir le renforcement des fondamentalismes religieux.

La laïcité de l’État permet le développement démocratique de l’égalité entre les sexes, en servant de rempart aux pratiques ou symboles religieux sexistes lors de la prestation de services publics. Espérons que les Québécois et les Québécoises de toutes origines, qui appuient la Loi 21, soient entendus.


Sources :

[i] http://plus.lapresse.ca/screens/39a6d1b1-225c-4ac6-8a99-211a08140950__7C___0.html

[ii] https://www.csf.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/avis-droit-a-legalite-entre-les-femmes-et-les-hommes-et-liberte-religieuse.pdf

[iii] https://www.csf.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/avis-affirmer-la-laicite-un-pas-de-plus-vers-legalite-reelle-entre-les-femmes-et-les-hommes.pdf

[iv] https://www.csf.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/avis-droit-a-legalite-entre-les-femmes-et-les-hommes-et-liberte-religieuse.pdf , p. 131

[v] https://www.ledevoir.com/opinion/idees/585949/choisir-une-societe-laique et https://www.lenouvelliste.ca/opinions/carrefour-des-lecteurs/jai-choisi-le-quebec-pour-la-laicite-1cc3ab5db89bd5495e18347be78a123e

[vi] https://www.awid.org/sites/default/files/atoms/files/vers_un_avenir_sans_fondamentalismes.pdf